Lorsque Monsieur DREVELLE prend la direction du Collège en 1979, il trouve la date de 1897 comme année d’ouverture de l’établissement. Tous les élèves portaient alors l’uniforme qui était obligatoire dans toutes les écoles. Cet uniforme était bleu-marine avec un béret assorti où était brodé deux lettres en fil argenté SC (Sacré-Cœur) ; il était complété par une paire de gants blancs. Plus tard, en 1945-1946, il se transformera dans des tons beiges et sera supprimé dans les années 70.
A son origine, le Sacré-Cœur était très restreint. Il comprenait le bâtiment du réfectoire, la cuisine et était limité par un mur situé derrière la statue de Sacré-Cœur (on peut retrouver cette limite sur différentes photographies de classes). Principalement école de filles, les garçons n’étaient acceptés que jusqu’à l’âge de six ans, l’établissement préparant au brevet. En internat et ce jusque dans les années 1950, les élèves ne retournaient chez eux que tous les quinze jours.
Les différentes Écoles Chrétiennes de Péronne.
Essayer de faire exactement l’historique du Sacré-Cœur serait un travail assez laborieux. En dépit d’un passé récent et de l’aide de la mémoire des Péronnais, il reste certaines zones d’ombre. Mais on peut tout de même diviser ce travail en trois époques, scindées par différents actes historiques marquants.
En 1870, dans le quartier de la montagne de Brusle, une école existait déjà (sans autre précision).
En 1900, une École des Frères, école de garçons sous la direction de l’Abbé CADOT, est située rue Puchotte. Suite à la loi de 1904 (interdiction faite aux religieux d’enseigner), l’école est transférée en 1910 dans les locaux du Patronage (rue Duparchy), sous la Direction de Monsieur DROUARD. Les locaux de la rue Puchotte devenant libres (n’accueillant plus d’école libre), la Municipalité y crée sous l’impulsion de son maire (radical-socialiste) un « cours secondaire de jeunes filles » (1911) en attendant l’édification d’un collège. Celui-ci fut alors désigné par le sobriquet de « Collège des concours ».
L’École Sainte Marie, située rue des Ursulines, était une école de filles dirigée par les Oblates de Marie. On dispose de différentes cartes postales et descriptions qui nous permettent de dire que l’établissement scolaire semble relativement grand et possédait un parc-jardin de taille équivalente. Suite à une collecte, les parents d’élèves offrent à la Mère Supérieure une statue en remerciement de son travail. En 1911, alors sous la direction de Mademoiselle DUVINAGE (suite à la loi de séparation), l’école disparaît ou plutôt fusionne avec le « Pensionnat Jeanne d’Arc ». Les locaux restant la propriété des Oblates.
Le Pensionnat Jeanne d’Arc, est une école de filles sous la direction de Mademoiselle LECONTE, Directrice de 1904 à 1914, sise 6 rue Saint-Fursy. En 1911, son groupement avec l’École Sainte-Marie en fait la seule école libre pour filles de Péronne.
1914 : début de la Première Guerre mondiale et de la seconde période
Les locaux, après avoir servi de cantonnement dans les premiers jours du conflit, sont utilisés comme ambulance (hôpital de campagne) dès le 28 Août 1914, après la bataille d’arrière et de Moislains, qui a nécessitée l’emploi des 123e et 124e Brigade. Ce sont plus de trois cents blessés qui sont provisoirement hébergés :
-aux Oblates, sous la direction de Monsieur et Madame BRUNO (parents de la Directrice du cours secondaire) avec la collaboration de Sœur Séraphine et d’une Sœur bleue ;
-au Pensionnat Jeanne D’Arc, sous la houlette de Mesdemoiselles LECONTE, Louisa BOUCHET et du Docteur LOISEAU, cette année-là, l’école est détruite ;
-le Collège des garçons est lui aussi utilisé, Monsieur et Madame BRIDEL (professeurs) en assument la charge.
La même chose se reproduira lors de l’affrontement du 9e Cuirassier à la Maisonnette. L’École des Frères quant à elle est réouverte le 15 novembre 1914 par l’Archiprêtre CAROND, avec deux instituteurs (Monsieur TABARY et un Frère) pour un total de trois cents élèves !!!
1915
Destruction de l’immeuble abritant l’École des Frères rue Puchotte. Le 17 avril 1915, les Allemands saisissent le mobilier des Oblates…
1916-1917
Pas de traces d’événements concernant les différentes écoles libres.
Du 24 juin au 8 juillet 1916, la ville est bombardée. Le 22 juillet, tous les habitants fuient, la ville est entièrement vidée et ce jusqu’au 18 mars 1917, date de la reprise de Péronne par les Anglais.
Fin mars 1917, le Sous-Préfet est obligé de s’installer à Nesle, la ville de Péronne est inhabitable et inhabitée !!!
1918
Rue Puchotte, début de la reconstruction des locaux. Pas d’activité scolaire.
Rue des Ursulines, utilisation des locaux comme établissements laïques.
1920-1930
Mademoiselle LECONTE réorganise le Pensionnat Jeanne D’Arc avec Mademoiselle BOUCHET comme adjointe, mais l’école vivote, ne disposant plus des dons comme avant-guerre. C’est le temps de reconstruire l’établissement rue Puchotte, l’école utilise des baraquements situés à côté de la salle paroissiale (au moins jusqu’en 1923). Les locaux des Oblates n’étant plus utilisés, un collège laïque de jeune filles est construit. La statue du Sacré-Cœur est transférée rue Puchotte dans l’établissement de Mademoiselle LECONTE.
1930-1940
Suite à un différent sérieux avec son adjointe, Mademoiselle LECONTE ouvre un autre établissement, en fait un cours particulier, situé dans une baraque (propriété de Monsieur COUSIN) en haut de la côte qui fut désignée du nom d' »avenue Charles Boulanger ». Ce cours a eu une existence brève, de plus Mademoiselle LECONTE étant âgée, cessa toute activité et décéda le 16 Mars 1933 dans sa 75e année.
Rue Puchotte, Mademoiselle BOUCHET ne pouvant continuer à appeler l’établissement « Pensionnat Jeanne D’Arc », ce patronyme étant la propriété de Mademoiselle LECONTE, rebaptise l’école du nom de Pensionnat du Sacré-Cœur, en accord avec l’évêché et pour faire honneur à la statue située dans la cour de l’école boulevard des Anglais.
En 1935, suite aux difficultés (peu de rendement et très peu d’élèves), l’école est confiée aux Sœurs de la Providence de Rouen, dont la Maison mère est situé à Mesnil-Esnard.
La période d’après-guerre
L’école est confiée à des laïques, la gestion étant toujours aussi difficile. Hélas, l’établissement périclite de nouveau et ne compte bientôt plus qu’une seule pensionnaire !
En 1947, l’Archiprêtre ACCARD, tenant à l’existence d’un pensionnat à Péronne au point d’en faire une affaire personnelle, prend contact avec les Sœurs de la Sainte-Famille d’Amiens. Celles-ci arrivent en 1948 et remettent l’école en marche.
Le 11 juillet 1949, une déclaration est faite à la sous-préfecture de Péronne, création de « l’Association d’Éducation Populaire de Péronne« , association ayant pour but d’assurer le fonctionnement matériel des écoles libres et qui a pour siège social le 36 boulevard des Anglais.
Les locaux, parcelles de la rue de la Poudrière et celles des numéros 36 à 40 du boulevard des Anglais, ont été acquis au début des années 1960. En 1965, la construction du nouveau collège commence, mais les cours restent assurés dans le casernement. Cours Saint-Michel : la classe de Seconde est créée en 1965 et la première série de Baccalauréat est présentée en 1968 !
En 1971, les locaux du Collège sont terminés (trois tranches de travaux ont été nécessaires !), puis des locaux préfabriqués sont utilisés rue Maurice Devillers en complément pour palier au manque de place (1973-1980).
Les premiers professeurs masculins de l’établissement arrivent en 1970, parmi eux Monsieur BURIEZ qui sera Directeur du Lycée de 1979 jusqu’en 2003. La même année, Monsieur DREVELLE fait son entrée comme professeur d’Histoire-Géographie et comme Directeur du Collège. Il le restera jusqu’en juin 2002, succédé par Monsieur BAUDEN. Au niveau du personnel féminin, juin 2000 marque le départ de Mademoiselle GUILLOT, Cadre d’Éducation, après 25 années de présence et celui de Madame DAMAY, Directrice de l’École. Ces responsabilités ont été reprises respectivement à la rentrée 2000 par Mademoiselle BLANCART et Madame RAMET et à la rentrée 2004 par Mademoiselle BASSET et Mademoiselle ARCELIN. L’année 2005 est celle du changement : le poste de Conseiller Principal d’Éducation est supprimé et un nouveau Directeur, Monsieur MARCHAL, assume à lui seul la direction du Collège et du Lycée.
La rentrée 2008 est marquée par de nouveaux changements, Monsieur DUPERRAY prend en charge la direction des écoles (primaire et maternelle), des modifications ont eu lieu aussi dans les locaux, un nouveau C.D.I., des nouvelles toilettes au Collège, le bureau du directeur des écoles a déménagé, ainsi que celui de l’économe. Des travaux qui ont été réalisés pour le bien de tous dans l’esprit d’un service plus agréable et plus efficace.
Rentrée 2010, Monsieur Tilly prend la direction du Collège, du Lycée et du Lycée Hôtelier. De nouveaux travaux en perspective, avec le changement du matériel dans la salle informatique au Collège. En septembre 2017, Martine Deillon prend la direction du collège et du lycée, monsieur Tilly partant à la retraite. Et c’est en septembre 2018 que Godeleine Ducroquet remplacera monsieur Duperray.
Ouverture de l’annexe Saint François
En 1983, la décision d’ouvrir un Lycée Professionnel est prise. Doté à l’origine d’une section Hôtelière (la préparation au C.A.P. de Cuisine de Collectivité nécessite de nouveaux locaux spécifiques) et d’une section d’électronique (B.E.P. Électronique), le Lycée s’installe rue des Naviages.
Au cours des années, le C.A.P. d’Hôtellerie s’est transformé en B.E.P. et en 1995 un centre de formation leur offre la possibilité de suivre une formation supplémentaire permettant de se présenter au baccalauréat professionnel.
L’annexe Saint-François, 13 rue des Naviages, est installée dans les locaux de l’ancien couvent des Clarisses, reconstruit en 1930, suite à la démolition du précédent couvent situé anciennement rue Maurice Devillers (emplacement qui fut lui-aussi utilisé par le Sacré-Cœur pour y installer des bâtiments préfabriqués qui ont hébergés des classes dans les années 1970). Les Clarisses ont été présentes à Péronne de 1431 à 1968, date à laquelle elles ont quittées le couvent rue des Naviages, suivi en ce lieu par des Petites Sœurs de l’Assomption, plus connues sous le nom de Sœurs Grises.
Petite histoire des bâtiments
Au fil du temps et des guerres, les bâtiments ont évolués. Détruits en 1917, reconstruits en 1925 (fin des travaux), le bâtiment principal a depuis gardé à peu près la même forme. Entre 1934 et 1938, les locaux du Sacré-Cœur, situés boulevard des Anglais, étaient un ensemble homogène de seize pièces.
Tantôt classe ou chapelle suivant les années, mais disposant d’un dortoir. L’entrée donnait sur le boulevard des Anglais, alors que l’accès au bureau des directrices avait lieu par le numéro 8 de la rue Puchotte.
Le sol des cours de récréations était recouvert de gros gravier (de nombreux genoux en ont gardé des souvenirs !). On peut observer dans la cour du Primaire, la trace des anciens murs montrant l’évolution de sa surface.
Ensuite, il fallut agrandir. La solution fut d’acheter des habitations et de les transformer en classes, puis en dortoir :
-l’ancien dortoir Saint-Joseph était autrefois habité par Monsieur Guy SAVARY. On y accédait par le numéro 2 de la rue Puchotte.
-le dortoir Saint-Benoît a été habité par Monsieur FORMEAUX.
La construction des classes du Primaire devint une nécessité, des terrains furent achetés pour y installer de nouveaux bâtiments. Depuis, la cuisine a été construite modifiant légèrement la structure, puis ce fut la chaîne du self, lui donnant sa forme actuelle.
La poudrière
La poudrière fut construite avant 1870 et fut en service jusque dans les années 1920-1925. C’est une construction tout à fait typique de son utilisation militaire, tout y est conçu pour éviter les incidents (chemin de ronde, puits, présence d’importante réserve d’eau : un réservoir de 6 000 litres est situé à l’extérieur…). De même, le sol est incliné de façon à pouvoir l’inonder en cas de nécessité. Quelques caractéristiques :
-des murs de 2.40 m à la base et de 1.30 m au sommet de la voûte ;
-construite en béton armé et les murs remplis de sable ;
-trois portes d’accès blindées (l’une d’elle est désormais obturée), celle donnant dans la cour servait de quai de manutention ;
-deux ouvertures anti-déflagration : l’une au-dessus de la porte principale, l’autre au sommet de la voûte ;
-des canaux d’inondation pour éviter tout incendie.
Dans un bâtiment annexe, il existait un atelier de réparation de canons, comme en a témoigné longtemps après la Première Guerre mondiale la présence d’un tour de réalésage de fûts de canons.
Pour assurer la sécurité militaire de l’endroit, un chemin de ronde permettait de faire le tour de la poudrière. Il était surmonté d’une verrière. Un ouvrage militaire de ce style nécessite la présence de gardiens, aussi une construction semblable à une maison particulière était située à l’angle du boulevard des Anglais (bien des Péronnais doivent encore s’en souvenir…), en fait cette habitation qui devait à l’origine abriter le Commandant du lieu et ses hommes était conçue de la même façon que la poudrière elle-même, à l’intérieur le sol était incliné de 7 cm… Ce groupe de bâtiments fut utilisé après-guerre par un commerce de machines et de matériel agricole jusqu’au milieu des années 1950, puis pendant un certain temps (pour le casernement) comme classes maternelles, puis comme classes de Lycée avant d’être détruit pour permettre la construction du Collège. Désormais, celle-ci est utilisée comme salle polyvalente.